FJK 015
Callot Jacques (1592-1635)
Une exécution
Vers 1633
110 x 230 mm
Technique
Fusain et encre bistre portée au pinceau et lavis sur papier. Contours dessinés à la plume.
Provenance
Collection Sir Robert Witt (vers 1930)
Collection Sir John and Lady J.C. Witt, Londres (1961)
Vente Sotheby's, Londres, 19 février 1987, lot 262
Collection Jan Krugier, Monaco, JK 4241
Fondation Jan Krugier
Bibliographie
TERNOIS Daniel, Jacques Callot, Catalogue complet de son oeuvre dessiné, F. de Nobele, Paris, 1962, p. 131, no 915 reproduit;
TERNOIS Daniel, L'art de Jacques Callot, F. de Nobele, Paris, 1962, part III, chap. II, section 9.
Expositions
Courtauld Institute Galleries, Londres, The John Witt Collection, Part I, European Schools, janv. – mars 1963, no 18, p. 9 (non reproduit);
Jan Krugier Gallery, New York, 4 mai - 27 juillet 1990; Galerie Jan Krugier, Genève, 25 avril - 15 juin 1991, Victor Hugo and The Romantic Vision, Drawings and Watercolors, cat. no 2, p. 85; reproduction p. 28;
Musée Historique Lorrain, Nancy, Jacques Callot 1592-1635, 13 juin - 14 septembre 1992, cat. no 526, p. 410 (reproduction à l'envers);
Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin - Preussischer Kulturbesitz, Berlin , Linie, Licht und Schatten. Meisterzeichnungen und Skulpturen der Sammlung Jan und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 29.05 - 01.08.1999, cat. 41, p. 96; reproduction couleur p. 97;
Peggy Guggenheim Collection, Solomon R. Guggenheim Foundation, Venise, The Timeless Eye. Master Drawings from the Jan and Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection, 03.09 - 12.12.1999, cat.52, p. 118; reproduction couleur p. 119;
Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Miradas sin Tiempo. Dibujos, Pinturas y Esculturas de la Coleccion Jan y Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 02.02 - 14.05.2000, cat. 52, p. 136; reproduction couleur p. 137;
Musée Jacquemart-André, Paris, La Passion du dessin. Collection Jan et Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 19.03 - 30.06.2002, cat. 47, p. 118; reproduction couleur p. 119;
Albertina Museum, Wien, Goya bis Picasso. Meisterwerke der Sammlung Jan Krugier und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 08.04 - 28.08.2005, cat. 1, p. 24; reproduction couleur p. 25;
Hypo-Kulturstiftung, Munich, Das Ewige Auge - Von Rembrandt bis Picasso. Meisterwerke aus der Sammlung Jan Krugier und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 20.07 - 07.10.2007, cat. 53, p. 122; reproduction couleur p. 123.
Notes
Bien que Callot n'ait pas gravé ce dessin, il est étroitement lié à sa célèbre série de dix-huit gravures, Les Grandes Misères de la Guerre, qui décrivent celle-ci avec son manque d'humanité et son cortège d'atrocités, que l'artiste a connus en Lorraine. Callot évite toute allusion aux évènements contemporains, mais il laisse néanmoins un témoignage sur la guerre de Trente Ans. Les gravures sont publiées à Paris en 1633. La même année, Nancy, lieu de naissance de l'artiste, est conquise par les troupes de Louis XIII et de Richelieu après un siège de plusieurs mois. Le duché de Lorraine, occupé plus d'une fois depuis 1631, perd son indépendance et après sa lutte contre la France, est entraîné dans la guerre de Trente Ans. La série est précédée par un projet, resté inachevé, de six gravures aux sujets similaires, qui est considéré désormais comme un stade préliminaire. Du fait de leur petit format, elles sont appelées Les Petites Misères de la Guerre (publiées de manière posthume en 1636). L'artiste a dû travailler sur les plaques de gravure entre 1632 et 1633, mais il les abandonne et se concentre sur les planches plus importantes. Ce n'est que pour cette série que Callot inclut cette scène-ci, lorsqu'il augmente le nombre de plaques et en revoit la conception. La cruauté des soldats et des mercenaires en maraude (mise à sac, pillage, vol, torture, meurtre, rançonnement et viol) est suivie par cinq scènes représentant leur punition, tout aussi inhumaine. Les coupables sont emprisonnés, torturés, pendus les uns après les autres à un tilleul, envoyés devant un peloton d'exécution, brûlés vifs ou accrochés à une roue. La feuille Krugier-Poniatowski [Fondation Jan Krugier] appartient à ce dernier groupe puisqu'elle représente une punition militaire.
Alors que dans Les Grandes Misères, deux scènes sont réservées aux gibets et une au peloton d'exécution, la gravure la plus proche de ce dessin est l'Arbre gibet, l'une des plus impressionnantes de la série. Dans le dessin, l'action se déroule au sein d'un grand paysage qui s'ouvre sur un arrière-plan lointain. Plusieurs bâtiments sont représentés à mi-distance, dont probablement des baraquements militaires. Des soldats en armes se dirigent vers la colline du gibet, précédés par la cavalerie. Beaucoup ont déjà pris place autour du lieu d'exécution, s'appuyant sur leurs armes ou bien fixant leur baïonnette au fusil. Deux hommes sont déjà pendus et une corde est préparée pour un troisième, situé à droite. Quatre personnages se tiennent au pied du gibet, probablement un prêtre sur la gauche et un garde avec une pique sur la droite. Entre eux, deux prisonniers attendent leur exécution. Au pied de la colline, des soldats ont attrapé un criminel et s'apprêtent à le mener au gibet. Alors que le dessin a un impact narratif, les gravures concentrent l'intérêt sur le motif principal placé au centre de la composition. L'ouverture de l'espace pictural renforce l'importance de l'action et captive l'œil.
Comme toutes les gravures, celle-ci est dotée d'une morale en vers, écrite au bas de la feuille ce qui renforce le poids de l'image. Elle est due à la plume de l'abbé Michel de Marolles:
"A la fin, ces voleurs infâmes et perdus,
Comme fruits malheureux à cet arbre pendus,
Montrent bien que le crime (horrible et noire engeance)]
Est lui-même instrument de honte et de vengeance,]
Et que c'est le destin des hommes vicieux,
De trouver tôt ou tard la justice des Cieux"
(Callot, 1971, vol. 2, n°1340)
Le dessin peut avoir été conçu comme une étude préliminaire puis écarté. Il est également possible que Callot ne l'ait pas utilisé car la dernière composition lui a paru plus adaptée au propos. Grâce à Ternois, on connaît quatre autres esquisses complètes, probablement destinées au projet de gravures, mais aucune n'a été utilisée (cf. Ternois, n°917-920). Elles ont toutes pour sujet des scènes de bataille et il est possible que l'artiste les ait abandonnées du fait de leur connotation héroïque.
Sigrid Achenbach, La Passion du Dessin, Musée Jacquemart-André, Paris 2002, p. 118
Demande d'information/de prêt
La Fondation Jan Krugier se consacre au rayonnement de la collection de dessins en prêtant régulièrement des œuvres pour des expositions. Les demandes de prêt devront comporter une présentation complète du projet.