FJK 033

David Jacques-Louis (1748-1825)

Vue d'une ville dans la campagne romaine

1775-1780
137 x 234 mm

Technique
Plume et encre grise, lavis et traces de crayon graphite sur papier vélin

Annotation au bas, au crayon, de la main de David : "du Sens opposé le jour venant de derrière"; et numéroté sur le support "266c...".
Paraphes des fils de l'artiste en bas, à gauche (Lugt 839, Lugt 1437).

Provenance

Atelier de l'artiste (album no 10, fol. 12)
Vente après décès, Paris, 17 avril 1826, partie du lot 66
Vente Paris, 11 mars 1835, partie du lot 16
Collection M. A. Chassagnolle
Collection Marquise de Ludre
Vente Galerie Charpentier, Paris, 15 mars 1956, no 11
Collection Marquise de Lau d'Allemans
Collection Madame de Chaumony Quitry
Collection Germain Seligman, New York (numéro d'inventaire "A. 10" sur le support)
Collection Lore et Rudolf Heinemann
Vente Christie's, Londres, 1er juillet 1997, lot 194
Collection Jan Krugier, Monaco, JK 5442
Fondation Jan Krugier

Bibliographie

DAVID J., Le Peintre Louis David, Paris, 1880, pp. 651, 653;

HOLMA K., David, son évolution et son style, Paris, 1940, p. 113;

HAUTECOEUR Louis, Louis David, Paris, éd. La Table Ronde, 1954, p. 38;

SERULLAZ Arlette, David et Rome, cat. d'exposition, Académie de France, Rome, 1981, éd. de la Réunion des Musées Nationaux, p. 68, note 19;

ROSENBERG Pierre, PRAT Louis-Antoine, Jacques-Louis David 1748-1825. Catalogue raisonné des dessins, éd. Leonardo Arte, Milan, 2002, Tome I, cat. 1066 (12 d), Feuillet 12, p. 693 ill.

Expositions

The Pierpont Morgan Library, New York, Drawings from the Collection of Lore and Rudolf Heinemann, 1973, no 8, illustré;

Musée du Louvre, département des Peintures, Paris, Musée national du château de Versailles Jacques-Louis David, 1748-1825, 26.10.1989 - 12.02.1990, no 25, illustré.

Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin - Preussischer Kulturbesitz, Berlin, Linie, Licht und Schatten. Meisterzeichnungen und Skulpturen der Sammlung Jan und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 29.05 - 01.08.1999, cat. 63, p. 140; reproduction couleur p. 141;

Peggy Guggenheim Collection, Solomon R. Guggenheim Foundation, Venise, The Timeless Eye. Master Drawings from the Jan and Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection, 03.09 - 12.12.1999, cat. 71, p. 156; reproduction couleur p. 157;

Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Miradas sin Tiempo. Dibujos, Pinturas y Esculturas de la Coleccion Jan y Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 02.02 - 14.05.2000, cat. 83, p. 198; reproduction couleur p. 199;

Musée Jacquemart-André, Paris, La passion du dessin. Collection Jan et Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 19 mars 2002 - 30 juin 2002, cat. 76, p. 176; reproduction couleur p. 177;

Albertina Museum, Wien, Goya bis Picasso. Meisterwerke der Sammlung Jan Krugier und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 08.04 - 28.08.2005, cat. 8, p. 38; reproduction couleur p. 39.

Notes

Notes (1)

L'œuvre de David a été profondément marquée par ses deux séjours en Italie et, plus particulièrement par le premier qui a duré cinq ans alors qu'il était l'élève de l'Académie de France. En 1774, après avoir étudié auprès de Joseph-Marie Vien, il remporte le premier Prix de Rome avec Antiochus et Stratonice. Il part l'année suivante pour Rome en compagnie de Vien qui prend ses fonctions de directeur de l'Académie de France, au Palais Mancini. Il y reste jusqu'en août 1780.

Un millier d'études et d'esquisses témoignent de ces années romaines, qu'il relie plus tard dans des albums organisés par thèmes. Il constitue donc un recueil de sujets dont il tire son inspiration jusqu'à la fin de sa vie et dont il ne se sépare jamais, ce qui témoigne de l'importance qu'il leurs accorde.

Ce paysage provient de l'un de ses douze albums romains, vendus par sa succession en 1826, ce qui confirment les initiales dans le coin inférieur gauche: afin d'authentifier les feuillets, les fils de David, Eugène et Jules, ont apposé leurs initiales sur chacun d'eux avant la vente. Les recherches entreprises par Arlette Sérullaz ont permis de rendre leur notoriété à ces albums. Parmi les sept albums étudiés par Arlette Sérullaz, quatre se trouvent dans des collections publiques (deux au musée du Louvre, l'un au Fogg Art Museum de Cambridge et l'autre au Nationalmuseum de Stockholm). Un cinquième a réapparu sur le marché de l'art new yorkais en 1990, enfin les deux derniers ont été démantelés il y a peu et les feuilles vendues séparément à des institutions et des collectionneurs privés.

La feuille Krugier-Poniatowski [Fondation Jan Krugier] correspond à la page 12 de l'album "10". Avant sa dispersion dans les années 50, il contenait, selon Arlette Sérullaz, soixante et onze dessins, dont certains contrecollés, d'autres exécutés directement sur les feuillets (seulement 15 paysages) et dix-huit copies. La découverte de l'antiquité constitue le principal centre d'intérêt de David pendant son séjour romain, qui se concentre aussi sur l'étude des grands maîtres, particulièrement Raphaël, Michel-Ange et Poussin.

Cependant ses dessins de paysages et de villes des environs de Rome surprennent par leur modernité et c'est la raison pour laquelle ils sont particulièrement recherchés par les amateurs. Cette vue d'une place reflète parfaitement son style et figure parmi les plus achevés et les plus brillamment exécutés.

David dirige notre regard au travers d'une place vide, baignée par le soleil, jusqu'à un ensemble de bâtiments réunis par un pont. Plus que la perfection de l'organisation spatiale et l'équilibre des bâtiments, c'est l'intensité de la lumière qui constitue le thème de cette étude. David utilise une infinité de tons gris pour traduire la subtilité des ombres. Le papier est laissé vierge afin de refléter la luminosité la plus intense. L'inscription au bas de la page suggère l'existence d'un pendant qui montre la même scène, dans la direction opposée, mais aussi sous une lumière différente.

Ces paysages ont profondément influencé la génération suivante d'artistes travaillant à Rome. Parmi ceux-ci, l'un de ses élèves, Jean-Germain Drouais (1763-1788) est son plus proche collaborateur lors de son second séjour (octobre 1784-août 1785) et certainement le plus marqué par cet aspect de l'influence de David.

Sigrid Achenbach, La Passion du Dessin, Musée Jacquemart-André, Paris 2002, p. 176

 

Notes (2)

A son arrivée à Rome, David aurait été comme étourdi par tout ce qu'il voyait... Dans les carnets de cette époque qui nous sont parvenus on ne trouve pourtant aucune trace de ces "gammes". David avait réuni ces croquis de Rome en douze registres qui furent dispersés lors de sa vente en 1826 (no 16 du catalogue). Le Louvre en possède deux, un autre est chez M. Valentiner à Los Angeles, deux chez ses descendants : la Vicomtesse Fleury et la Marquise de Ludre. Des dessins exécutés sur calque et mis en carton ont été récemment exposés et publiés.

Ces croquis peuvent se répartir en plusieurs catégories : notes d'après l'antique, notes d'après les recueils, d'après les tableaux de maîtes, paysages. David les exécute à la fois pour connaître l'antiquité, pour découvrir les secrets du style et de l'ordonnance, pour posséder des documents utiles à la composition de ses tableaux futurs.

Louis Hautecoeur, 1954, op. cit. p. 38

Demande d'information/de prêt

La Fondation Jan Krugier se consacre au rayonnement de la collection de dessins en prêtant régulièrement des œuvres pour des expositions. Les demandes de prêt devront comporter une présentation complète du projet.