FJK 084
Martino da Modena (et Giorgio d'Alemagna?) (Documenté de 1477 à 1489)
Le Triomphe de l'Eternité
ca. 1460-1470
52 x 90 mm
Technique
Miniature sur parchemin provenant d'un manuscrit enluminé "I Trionfi" de Pétrarque
Provenance
Collection Sir John Wyndham Pope-Hennessy (1913-1994), Florence
Sa vente, Christie's, New York, 10 janvier 1996, lot 9
Collection Jan Krugier, Monaco, JK 5353
Fondation Jan Krugier
Bibliographie
LOLLINI, F., "Tra parola scritta e raffigurazione", Libraria Domini ed. F. Lollini et P.Lucchi, I manoscritti della Biblioteca Malatestiana : testi e decorazioni, Bologne, 1995, p. 24 (ill.) (comme Martino da Modena, et Giorgio d'Alemagna ?).
Expositions
Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin - Preussischer Kulturbesitz, Berlin, Linie, Licht und Schatten. Meisterzeichnungen und Skulpturen der Sammlung Jan und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 29.05-01.08.1999, cat. 7, p. 26; reproduction couleur p. 27;
Peggy Guggenheim Collection, Solomon R. Guggenheim Foundation, Venise, The Timeless Eye. Master Drawings from the Jan and Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection, 03.09-12.12.1999, cat. 3, p. 18; reproduction couleur p. 19;
Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Miradas sin Tiempo. Dibujos, Pinturas y Esculturas de la Coleccion Jan y Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 02.02-14.05.2000, cat. 6, p. 40; reproduction couleur p. 41;
Musée Jacquemart-André, Paris, La Passion du dessin. Collection Jan et Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 19.03-30.06.2002, cat. 7, p. 36; reproduction couleur p. 37;
Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung, Munich, Das Ewige Auge - Von Rembrandt bis Picasso. Meisterwerke aus der Sammlung Jan Krugier und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 20.07-07.10.2007, cat. 7, p. 30; reproduction couleur p. 31.
Notes
Notes (1)
Fabrizo Lollini a confirmé l'attribution de cette miniature à Giorgio d'Alemagna (F. Lollini, "Tra parola scritta e raffigurazione" in I manoscritti della Biblioteca Malatestiana : testi e decorazioni Bologne Libraria Domini, ed. F. Lollini et P.Lucchi 1995, p. 24).
Notes (2)
Les collectionneurs du XIXe siècle tenaient infiniment aux miniatures des livres d'heures, considérées comme des œuvres d'art à part entière, indépendamment du texte qu'elles illustraient. Il en résulta que les miniatures furent souvent détachées du manuscrit original et encadrées comme des tableaux. Ironiquement, leur traitement correspondait aux aspirations des enlumineurs du nord de l'Europe (et dans une moindre mesure, du sud) pour lesquels ils s'étaient battus avec succès.
Une comparaison avec d'autres images montre que ce fragment a illustré les Triomphes de Pétrarque (cf. autres versions exposées, Dix siècles d'enluminure italienne - VIe-XVIe siècles, Paris, Bibliothèque nationale, Galerie Mazarine, 1984, n°100, 103, 109 et Le muse e il principe, Arte di Corte nel Rinascimento padano, Milan, Museo Poldi-Pezzoli 1991, n°61). Le dernier de ces triomphes est celui de l'éternité. Le texte plutôt abstrait donne peu d'indications sur le sens de l'illustration. Pétrarque traite de la fin des temps, une autre notion du Jugement dernier et de l'Entrée au Paradis. Néanmoins, le terme de triomphe évoque les processions victorieuses de l'Antiquité et ce modèle inspira les artistes pour cette illustration d'un poème du XIVe siècle.
La sainte Trinité est représentée avec Dieu le Père sur son trône, tenant un sceptre et un globe de cristal, symboles de son pouvoir. Plutôt petit, il est entouré de têtes rouges de séraphins et encadré par les quatre évangélistes, leur têtes symbolisant chacun d'entre eux et leurs pieds flottant dans les airs. Le char est tiré par deux anges. Saint Jean-Baptiste, qui le premier annonça la venue du messie, lorsqu'il prêcha dans le désert, mène la procession. L'attelage est suivi par les apôtres, saint Pierre et saint Paul à leur tête.
Le catalogue de vente de 1996 note les liens artistiques étroits avec les illustrations du Virgile datant de 1458, conservé à la Bibliothèque nationale de Paris (Latin 7939A). Les documents montrent le lien évident avec Guglielmino Giraldi et Giorgio d'Alemagna, un artiste fortement influencé par ce dernier (cf. les notices de F. Avril, Paris, n°122 et Milan, n°31 ainsi que Londres/New York 1994-5, n°42).
Les miniatures de Guglielmino ont la même luminosité et pureté de coloris que ce triomphe mais différent considérablement dans le traitement des détails. Ainsi le bleu du ciel est appliqué en touches diagonales et les nuages sont stylisés d'une autre manière, même s'ils rappellent finalement le traitement des galets par Guglielmino (cf. Paris, illus. 72 et Milan 1991, p. 142).
Les illustrations partiellement colorées de Guglielmino pour l'Enéide, sont plus proches de cette miniature (cf. cat. Ferrare 1998, p. 140 et la notice de G. Mariani Canova, pp. 137-141). D'un autre côté, le style de Giorgio, comme en témoignent les quelques œuvres authentifiées (cf. cat. Milan, nos 48, 49 et 86) se distingue de ce triomphe entre autres par les tonalités grises et le modelé plus lourd des chairs. En conclusion, il est évident que le somptueux manuscrit auquel appartenait cette miniature, est issu du même contexte artistique.
Le Virgile a été enluminé en 1458 pour le noble vénitien Leonardo Sanudo, alors représentant de la République de Venise à la cour de Borso d'Este à Ferrare et ce triomphe semble avoir été peint dans un milieu artistique fortement marqué par la personnalité de Cosmè Tura. Comme il est difficile de formuler une attribution définitive, nous pouvons dire que cette œuvre est particulièrement proche des miniatures peintes par le fils de Giorgio et par son collaborateur occasionnel Martino da Modena.
Des exemples typiques sont les illustrations dans le Gradual, du premier dimanche de l'Avent jusqu'au huitième après l'Épiphanie, conservé au Museo di San Petronio de Bologne (Corale I, 93; cat. exp. Ferrare 1998, pp. 240-241, n°48, notice de D. Benati, 1477-80) de même que celles du Kyriale et du Gradual des messes votives du monastère de San Giovanni Evangelista à Parme (cf. Ferrare, pp. 243-247, n°50, notice de G.Z. Zanichelli, 1486/1488). La Résurrection par Jacopo Filippo Argenta dans le Gradual xvi conservé au musée de la Cathédrale de Ferrare paraît également proche (cf. Ferrare, pp
On retrouve les mêmes caractéristiques, à savoir des personnages allongés, bras et jambes étirés, les chairs aux tons pâles, les visages stylisés avec des yeux trop grands, les cheveux cotonneux, les visages déformés, de volumineux plis tubulaires au dessin particulièrement incurvé ainsi qu'un motif similaire de nuages. Des similitudes apparaissent aussi avec les visages de anges de Martino. Dans le dessin de la partie inférieure du drapé de l'ange en rouge, un rapprochement s'impose avec le disciple de Baptiste au premier plan du f.8 du manuscrit bolonais (cf. Ferrare, illus. p. 241).
Matthias Weniger, La Passion du Dessin, Musée Jacquemart-André, Paris 2002, p. 36
Demande d'information/de prêt
La Fondation Jan Krugier se consacre au rayonnement de la collection de dessins en prêtant régulièrement des œuvres pour des expositions. Les demandes de prêt devront comporter une présentation complète du projet.