FJK 100
Poussin Nicolas (1594-1665)
Bacchus dansant et tenant deux torches
Vers 1630-1635
155 x 135 mm
Technique
Plume, encre brune et lavis de brun sur papier
Inscription à la plume et encre brune, d'une main étrangère, en haut, à droite: "93"
Provenance
Collection non identifiée (monogramme à la plume et encre brune au verso "G.F.M." que l'on retrouve sur un autre dessin de Poussin, de sujet similaire (cf. Rosenberg et Prat, 1994, no 163)
Collection G.T. Seiden, Londres
Collection Jan Krugier (acquisition du précédent propriétaire le 7 décembre 1983), JK 3806
Fondation Jan Krugier
Bibliographie
BLUNT Anthony, Newly discovered drawings by Poussin and his followers, Master Drawings, Vol. 17, no 2/1979, pp. 139, 140, 146, no 49, pl. 17b;
GOLDNER G.R., HENDRIX L., The J. Paul Getty Museum. European Drawings, 2 (Inventory), Malibu, 1992, mentionné sous le no 71;
ROSENBERG Pierre, PRAT Louis-Antoine, Nicolas Poussin, Catalogue Raisonné des dessins, Tome I, 1994, Leonardo Editore, Milano, cat. 164, repr. p. 317;
DÜCKERS Alexander, Linie, Licht und Schatten, Meisterzeichnungen und Skulpturen der Sammlung Jan und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, G & H Verlag, Berlin, 1999, Catalogue raisonné, p. 414 repr. n/b.
Expositions
Peggy Guggenheim Collection, Solomon R. Guggenheim Foundation, Venise, The Timeless Eye. Master Drawings from the Jan and Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection, 03.09-12.12.1999, cat. 53, p. 120; reproduction couleur p. 121;
Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Miradas sin Tiempo. Dibujos, Pinturas y Esculturas de la Coleccion Jan y Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 02.02-14.05.2000, cat. 53, p. 138; reproduction couleur p. 139;
Musée Jacquemart-André, Paris, La Passion du dessin. Collection Jan et Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 08.04-30.06.2002, cat. 49, p. 122; reproduction couleur p. 123.
Notes
Notes (1)
Le sujet est inscrit dans un cercle tracé à la plume et encre brune, coupé sur la droite. Ce dessin est à rapprocher de Bacchus dansant et tenant une aiguière, conservé au J. Paul Getty Museum, Los Angeles (Rosenberg and Prat, 1994, no. 163).
Notes (2)
On connaît plusieurs dizaines de copies dessinées par Poussin d'après l'antique et les maîtres de la Renaissance italienne. Il dut en fait en exister bien davantage, car le seul inventaire de son beau-frère, Jean Dughet (1678), mentionne un recueil de 160 dessins de la main de l'artiste d'après ses sources.
Une telle pratique était fréquente chez les artistes étrangers séjournant en Italie au XVIIe siècle, mais Poussin en fit quelque chose de très original, concevant ses propres copies dessinées comme des œuvres d'art à part entière, les composant avec beaucoup d'attention, juxtaposant fréquemment des détails de figures sculptées, d'objets de culte, parvenant à faire ainsi de chacune de ces études (que Blunt qualifiait avec bonheur de "feuilles d'anthologie") une œuvre en soi.
La plupart des modèles choisis par Poussin provenaient de recueils gravés, par exemple ceux consacrés à la Colonne Trajane, à la Collection Giustiniani ou aux peintures paléochrétiennes des catacombes. Mais il lui arrivait aussi, quoique moins fréquemment, de copier directement d'après le motif, en face d'un antique.
On pourrait dire que c'est presque le cas ici. Le dessin pose en effet un problème bien particulier dans la mesure où l'on connaît une autre feuille (Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, Inv. 86.G.G.469. Rosenberg-Prat, op. cit., n°163, repr.) de même technique et de dimensions équivalentes, représentant la même figure, mais avec de nombreuses variantes; si le dessin Krugier [Fondation Jan Krugier] montre le dieu Bacchus tenant deux torches allumées, le même personnage tient de la main gauche, dans la feuille du Getty, une aiguière renversée, tout en retenant de la main droite l'extrémité de la peau de lion jetée sur son épaule et dont une patte pend derrière lui.
En publiant pour la première fois ces feuilles, Blunt a repris l'hypothèse exprimée oralement - et fort séduisante - de John Shearman, selon laquelle il pourrait s'agir de deux variantes proposées par Poussin pour la reconstitution d'un camée antique dont n'aurait subsisté que la partie centrale, constituée du corps du jeune dieu dansant; dès lors Poussin aurait proposé deux possibilités de restauration, qui s'expriment aussi bien au niveau de la draperie que dans les objets que tient le personnage.
En tout cas, les deux feuilles ont appartenu au même amateur, dont le monogramme G.F.M. se lit au verso, et toutes les deux comportent en haut à droite, un numéro à la plume (93 pour le dessin exposé ici, 109 pour celui du Getty, mais l'écriture semble différente), ce qui permet de supposer qu'elles auraient pu à un moment, faire partie d'un recueil de dessins du type de celui que posséda Jean Dughet.
Récemment, Monsieur True (cité par Goldner et Hendrix op. cit.) a proposé de voir dans ces deux croquis des copies inspirées d'un oscillum romain gravé en relief; il s'agit de petits disques sculptés ou gravés, en marbre ou en bronze, à caractère votif que l'on suspendait aux arbres sacrés ou aux colonnes des temples. Un motif très proche a été reproduit en 1708, donc bien après la mort de Poussin, à la planche 66 de l'ouvrage de Maffei, Gemme Antiche Figurate (Rosenberg-Prat, op. cit. fig. 163a); dans ce cas précis, Bacchus, la peau de lion pendant sur l'épaule droite, tient une grappe de raisin et un thyrse, avec à ses pieds une aiguière renversée.
Stylistiquement, le dessin a peut être été réalisé pendant la première période romaine, vers 1630-1635, en tout cas avant le séjour parisien et le retour définitif à Rome en 1642, les copies après cette date étant en général plus lourdement ombrées.
Louis-Antoine Prat, La Passion du Dessin, Musée Jacquemart-André, Paris 2002, p. 122
Demande d'information/de prêt
La Fondation Jan Krugier se consacre au rayonnement de la collection de dessins en prêtant régulièrement des œuvres pour des expositions. Les demandes de prêt devront comporter une présentation complète du projet.